On n’entre pas dans la légende par effraction.

Fondateur de Lubaltringue Magazine, lubouliste de longue date, Bernie Hancock est apprécié de tous. Mais, dès qu’il pose les pieds sur un terrain de luboboule, le jovial camarade se métamorphose en tueur né. Bernie, c’est un peu l’intraitable équipe de RFA qui sévit dans le foot des années 80 : une valeur sûre. Peu importe la méthode, on sait qu’on le retrouvera en finale. Double récipiendaire du fort peu prisé Prix de la Fourberie, il peine à masquer son côté « Harald Schumacher. » Mais ses victoires, c’est aussi avec l’efficacité d’un Gerd Müller qu’il va les chercher. Oui, avec les récents succès de Djiseus et Dinap, les romantiques ont le vent en poupe. Mais le 15 juin prochain, on peut parier qu’ils seront nombreux, les Battiston à regretter d’avoir croisé le chemin de Bernie Hancock.

Bernie Hancock, rédac' chef de Lubaltringue Magazine.

LUBALTRINGUE MAGAZINE #15 LA GAZETTE OFFICIELLE DES WORLD CHAMPIONNATS DU MONDE DE LUBOBOULE

Au cours du ChampionSlip tu as déclaré : « Le luboboule est un sport de voleurs. » Comptes-tu mettre la main sur le titre de champion du monde façon Arsène Lubopin ?

Non, c’était ironique. J’ai dit ça juste après ma malencontreuse défaite en finale du ChampionSlip. On n’a pas les idées claires dans ces moments-là. A ce jour, il y a 5 champions du monde de luboboule. Soit 5% de la population lubouliste. Ils ne le sont pas devenus par hasard. On n’entre pas dans la légende de ce sport par effraction. On ne vole pas un Slip de champion du monde, on le conquiert, au prix d’une putain de lutte.

Aux Gayeulles, tu joues un peu à domicile : comptes-tu profiter de cet avantage ?

Non, c’est le Lubomaître qui joue à domicile… Et j’imagine qu’il y a déjà planté sa tente, au pied d’une belle pente…

Tu participes à beaucoup de finales mais tu n’en remportes peu. Laquelle te laisse le plus de regrets ?

On ne dit pas : « tu n’en remportes peu », mais : « tu n’aurais pu en gagner plus »…. Et, pour répondre à ta question, celles qui me laissent le plus de regrets sont les deux seules finales de Championnats du Monde que je n’ai pas disputées.

Toi qu’on accuse souvent de socialisme, peux-tu nous dire si tu ressens du plaisir à échouer à la deuxième place ?

Non, dans les deux cas, se résoudre à voter « socialiste » – au sens gauche ultramolle du terme – ou à terminer 2ème, c’est s’avouer vaincu. C’est un peu se retrouver like a goat over a hill comme dirait Alexandrus Brennus, ou comme un cul sur un champ de pines comme dirait Depardieu. Donc, non, ça ne me fait pas particulièrement plaisir… quoiqu’en disent les mêmes qui m’accusent souvent d’être aussi crypto-gay.

Que t’inspire la victoire de Dinap au Tournoi de la Girafe ? A-t-il gagné le respect de sa belle-famille ?

Non, il le gagnera s’il remporte le Slip Suprême le 15 juin prochain.

« Fourbe comme un Cadoret. » Que penses-tu de ce qui est devenu désormais un lieu commun ? Quelle fut ta plus belle fourberie ?

La pire, l’atroce demi-finale que j’ai fait subir à ma propre sœur lors du dernier Mondial. Ce coup-là, je me suis écœuré moi-même. Vraiment.

Le Prix du Président sera remis à celui qui aura vaincu le plus de Cadoret au cours des mondiaux. Battre les membres de ta propre famille : est-ce un objectif pour toi ?

Non, non, bien au contraire, comme je viens de l’évoquer, c’est une vraie tragédie à chaque fois, avec du bruit inutile, de la fureur qui ne sert à rien, et tout plein de gros morceaux de remords dedans.

le football, les décolletés et le bon vin

Ton tiercé pour les prochains mondiaux ?

Alors, dans le désordre, je dirais : Dinap – Etienne C. – Gwenny Powers : comme ils n’ont pas particulièrement brillé lors des précédents Mondiaux, ils auront certainement à cœur de se rattraper ce coup-ci.

Le S.L.I.P a confié l’organisation du tournoi à la Bonnassadrice Mathilde. N’est-ce pas trop de responsabilités pour une femme ?

Oh non, pour une personne de couleur ou pour un homosexuel, je ne dis pas, mais pour une femme, ça va.

On te sait peu convaincu par cette règle qui offre le lubonet au dernier de la manche : peut-on attribuer ton recul dans la hiérarchie à son instauration ?

Non, mais, comme tu le sais, à mon absence des Lubodromes depuis la finale des derniers Championnats du Monde. Quant à cette règle, elle me plaît bien en fait, même si, dans un premier temps, il m’a semblé important de râler à son sujet… C’était un réflexe idiot, assez « français » de ma part : je râle d’abord, je réfléchis après.

Que t’inspirent les déclarations tapageuses de Jean-Raël Bertini qui affirme que le Luboboule est l’oeuvre de Satan ?

Qu’il a peut-être raison : le luboboule est peut-être bien l’œuvre du Malin, au même titre que le football, les décolletés ou le bon vin.

Selon toi, où se trouve le spot idéal de luboboule ?

Tout au fond de ton cœur, tu ne le vois pas ?…
Plus sérieusement, le spot idéal, à mon avis, c’est un spot maudit, l’Île d’Arz : parce qu’on a souvent eu l’occasion d’y jouer, mais qu’on n’y a jamais joué, et que ça serait pourtant pas mal d’y jouer avant qu’elle ne disparaisse sous les eaux… Autrement dit, si vous voulez me faire plaisir, vous savez où organiser les 8èmes Championnats du Monde…

As-tu une Bête Noire dans ce jeu ? La détestes-tu ?

Oui, moi-même. Et oui, je me déteste, comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire lors des précédents Mondiaux.

Ton coup préféré ?

Faire enrager Gwenny Powers.

Un de tes coups de maître – si tu en gardes un souvenir ému ?

Je crois que c’est un « combo » Triple-joker – Tiercé gagnant lors de la finale du Meeting Pierre Bourdieu en 2002, si je ne dis pas de connerie. C’était d’autant plus jubilatoire qu’on était à deux manches de la fin, et qu’avant ces deux coups de poignard de ma part, Alexandrus Brennus avait partie gagnée.

Un de tes coups de merde – si tu en conserves un souvenir amer ?

Un tiercé un peu trop gourmand raté lors de la 14ème manche de la finale des Mondiaux #4, alors que j’avais partie gagnée. Ça a permis à un Lubomaître bien mal en point jusque là de se refaire la fraise sur le dos de ma pomme.

Fan du Ricard-Mazout (Pastis-Coca), la boisson officielle du Luboboule ?

J’y ai goûté une fois, lors des Mondiaux #3. Étonnamment, c’était pas trop mauvais, mais ça m’a pas trop inspiré… Donc, non.

Le luboboule, c’est l’Alpe d’Huez un 14 juillet

Qui est le plus grand Lubomir de l’Histoire : Moravčík ? Bakchev ? Kavalek ?

Entre le fantasque maître des échecs & le loser magnifique tchèque, mon cœur balance je t’avouerais.

Un médium réputé affirme que des célébrités décédées consacrent une partie de l’éternité au luboboule. A ton avis, qui est champion de l’au-delà ?

Très certainement un amateur de football, de décolletés et de bon vin… Georges Best, probablement.

Quel titre de Sexion d’Assaut te fait le plus penser au luboboule : « Itinéraire d’un chômeur », « J’suis pas dans le game » ou « Pas d’chance » ?

Un groupe de trous du cul en treillis kakis qui remplit des zéniths en chantant : « Je crois qu’il est grand temps que les pédés périssent / Coupe leur le pénis / Laisse les morts, retrouvés sur le périphérique » ne me donne pas franchement envie de me marrer. Et ne me fait pas du tout penser au Luboboule pour le coup.

Ta lubodevise ?

Garder la tête froide.

Si un jour ton fils t’annonce qu’il veut faire de la pétanque, quelle serait ta réaction ?

Vas-y, mais un jour tu reviendras du plat pays. La pétanque, c’est chiant comme la Seine-et-Marne sous la pluie, petit. Le luboboule, c’est l’Alpe d’Huez un 14 juillet. Bon, après, si je lui parle comme ça, il va vraiment me prendre pour un gros débile. Doublé d’un beauf.

Haltérophilie ou luboboule ?

Moralement, ces deux disciplines se ressemblent mais, physiquement, le luboboule reste tout de même un beau sport de feignasses.

Si tu devenais président du S.L.I.P, quelle serait ta première mesure ?

Annexer le Kirghizistan et faire de leur joli drapeau l’emblème officiel du S.L.I.P.

Le drapeau de Kirghizistan

Carte blanche : 2-3 choses que tu sais sur le Luboboule aujourd’hui …

Que c’est un sport violent.
Que c’est un sport pour les damnés du sport.
Que c’est un sport à propos duquel on pourrait dire, à l’instar du héros de Nick Hornby évoquant son rapport à la pop, qu’on ne sait pas si on joue au luboboule parce qu’on est malheureux, ou si on est malheureux parce qu’on joue au luboboule.

Propos recueillis par Gwenny Powers pour Lubaltringue Magazine

About the Author: Gwenny Powers

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