Vaincre. Détruire. Humilier.

Gogol, bouffon, ringard, pigeon, loser… longue et peu reluisante est la liste des synonymes que les dictionnaires en ligne nous donnent du mot boloss. On serait même tenté d’y ajouter bouliste ou buveur d’eau. Mais ce serait mal connaître l’animal. Luboloss ne jure que par le rosé industriel aromatisé et méprise fondamentalement tout ce qui se situe à moins de 200 kilomètres de la Canebière. Partisan indéfectible de la ligue Francilienne, Luboloss est tout sauf une victime et il l’a clairement annoncé lui-même : il marquera l’Histoire en écrasant impitoyablement ses adversaires, que ce soit par les actes ou par la parole. En exclusivité pour Lubaltringue Magazine, il nous livre son enseignement : au luboboule, pour être respecté, il faut être haï.

Au LubOpen de Paris en juin 2014.

LUBALTRINGUE MAGAZINE #22
LA GAZETTE OFFICIELLE DU LUBOBOULE

Selon Célia Lubobelle, « si tu ne peux pas gagner, perds le mieux possible »… Penses-tu avoir bien perdu lors des derniers World Championnat du Monde de Luboboule ?

Je ne pense pas qu’il soit possible de bien perdre, c’est une chimère à laquelle se raccrochent les joueurs qui n’ont pas suffisamment de force morale pour surmonter l’échec. Je ne suis pas de ceux-là, aussi puis-je affirmer sans aucune hésitation que j’ai perdu comme un authentique sac à merde au cours de ces championnats du monde.

Tu as dit être venu au luboboule pour « marquer l’Histoire. » Comment expliques-tu être aussi loin d’avoir atteint ton objectif ?

Attends, attends. Même pas un an d’ancienneté, participation à 2 tournois majeurs + quelques parties de ci, de là. 9ème mondial, 3ème de la ligue francilienne. Et t’appelles ça être loin de l’objectif ? Je n’ai peut-être pas encore complètement marqué l’Histoire (je vais revenir sur cette notion) mais je pense avoir fait des débuts que je qualifierai, en toute modestie, de tonitruants.
Après, c’est quoi marquer l’Histoire ? Pour certains c’est se distinguer par de la performance pure, ça se défend et je viens de démontrer que mes performances sont celles d’une étoile en devenir.
Mais on est où là, à ne juger de la valeur d’un joueur qu’à travers le prisme de ses résultats ? À la putain de pétanque ? Non on est au Luboboule, et la grandeur d’un lubouliste se mesure à l’aune de ses coups d’éclat, de sa capacité à susciter peur, haine et dégoût chez l’adversaire. Va interroger ceux qui m’ont affronté, tu verras si je n’ai pas d’ores-et-déjà marqué l’Histoire.

Comment as-tu occupé ton hiver, morte saison pour les luboulistes ?

Dure saison en effet. Je t’aurais bien dit que je me suis occupé en allant m’entraîner au baseball mais ça risquerait de provoquer des moqueries. Non, la vérité c’est que j’ai surtout passé mon hiver à sortir du taf à 20h au lieu d’aller faire du sport. Tu parles d’une belle saison de merde tiens.

Crois-tu en l’ascension de la ligue francilienne ?

Depuis que je l’ai rejointe oui, évidemment.

Est-ce que tu penses qu’une fille pourra, un jour, remporter le titre de champion du monde ?

Pourquoi pas ? Enfin il faudra pas être pressé par contre, d’ici à ce que mes enfants soient en âge de jouer il risque de s’écouler pas mal d’années. Je suis encore en train de chercher la mère.

Brock Lesnar.Tes ambitions pour 2015 ?

Vaincre. Détruire. Humilier. Je veux être le Brock Lesnar du Luboboule.

Quel souvenir gardes-tu de ton séjour morbihannais chez Alexandrus Bacchus et Charles Lubowski ?

La première soirée, impeccable. Des hôtes charmants, une ambiance conviviale. Le Samedi en revanche… la magie du Luboboule était passée par là et l’hospitalité était directement fonction de mes performances contre les intéressés. Sachant que j’ai pactisé avec Alexandrus pour lui offrir la manche, et que j’ai privé Lubowski de finale, je te laisse deviner lequel a été le plus agréable par la suite.

Quoi, c’est ça en fait le mythe des Cadoret ?

La prochaine question, ce sont nos lecteurs de l’ENSAI qui souhaitent te la poser. La voici : Parmi ces deux propositions, convenons-en improbables, quel choix ferais-tu ? Remporter un tournoi majeur du Luboboule ou séduire un membre du sexe opposé ?

Maxime, c’est toi qui es à l’origine de cette question n’est-ce pas ? Tu pourras pas me fuir éternellement, tu subiras ma colère le moment venu.
Concernant la question, la hiérarchie semble évidente, soyons sérieux il y a des choses plus importantes que d’autres. D’un côté un défi majeur, qui demande souvent des efforts considérables, un courage à toute épreuve afin d’affronter l’échec que tout homme devra connaître à part peut-être les plus gâtés par la nature (et encore). Et qui est aussi sujet à une forme de pression sociale, parce que faillir à atteindre cet objectif est vu, dans notre société moderne basée sur les apparences et le qu’en dira-t-on, comme un échec personnel passé l’âge de 30 ans.

Mais se trouver une copine ça peut être pas mal aussi, donc je sais pas trop en fait.

Que disent les autres luboulistes de toi ?

Sur la plage de Moustérian, octobre 2014.Oh, des tas de choses je pense. J’ai découvert grâce à certains d’entre eux des insultes que je ne connaissais pas, et pourtant j’étais déjà assez cultivé en la matière.
Après, cette question n’est j’imagine pas innocente, car je me suis construit assez vite une réputation de teigne, de joueur auquel on a envie de décrocher des tartes dans la gueule voire de fieffé trou du cul. Certains sont même allés jusqu’à dire que j’étais irrespectueux.

Je tiens à profiter de cette tribune pour nier formellement ces billevesées : j’ai retenu le luboblase de chacun de mes adversaires. Pas seulement leur blase d’ailleurs. Leurs visages déconfits, cette lueur de haine teintée de désespoir qui se lit dans leurs yeux au terme de la 10ème manche, je garde tout ça en mémoire, ce sont des souvenirs précieux. Surtout la fois où j’ai battu Pierre S. et Vanessa Lubonheur alors qu’ils s’étaient ligués contre moi dès la 2ème manche. Un moment incroyable.

De quel Cadoret aimerais-tu le plus triompher ?

Eh bien j’ai triomphé du plus connu d’entre eux la seule fois où je l’ai affronté, je vais être franc à ce moment-là j’ai pensé « quoi, c’est ça en fait le mythe des Cadoret ? ». Ça s’est un peu gâté par la suite et j’aimerais donc logiquement rejouer contre Willy, histoire de refermer la blessure des championnats du monde (voir un peu plus loin). J’ai aussi perdu contre Romane, donc forcément ça appelle une revanche un jour.

Ton coup préféré ?

Le coup qui dégoûte.

Ta pire fourberie ?

Je ne me repose pas vraiment là-dessus. Pour moi le lubouliste fourbe, c’est comme ce footballeur qui met des coups aux artistes du ballon. Il ne le fait pas par stratégie, il le fait parce qu’il est limité, qu’il n’a que ça pour se défendre. Bah voilà, la fourberie pareil.

Un de tes coups de maître – si tu en gardes un souvenir ému ?

En dépit de ma courte carrière j’en ai déjà eu un certain nombre, si je ne devais en citer qu’un ça serait lors d’une nocturne, en juin je crois. Il faisait nuit, Cassandre et Noémie s’étaient remarquablement bien placées (ça déjà c’est suffisamment rare pour être noté), derrière mon bras magique a fait ce qu’il sait le mieux faire : dégoûter l’ennemi. Y avait 5cm entre la boule la plus proche et le lubonet, il m’en fallait pas plus. J’étais simplement inarrêtable ce soir-là.

Un de tes coups de merde – si tu en conserves un souvenir amer ?

En dépit de ma courte carrière j’en ai déjà eu un certain nombre, si je ne devais en citer qu’un ça serait cet infâme coup « pour la beauté du geste ». Remise en contexte, dernière manche du tiers de finale des WCML#8, Igor Gonzola et Willy ont déjà joué. Je sais que si j’envoie la boule un mètre derrière façon pute, je suis en finale. Mais non, c’est trop laid pour les standards de beau jeu que je cherche à défendre. Alors je joue la gagne, et à cause des moustiques ainsi que de ce climat breton si ingrat, je fais de la merde en boîte. Willy est en finale, et le SLIP perd une belle occasion de voir triompher le beau jeu. Ce jour-là c’est pas juste moi qui ai perdu, c’est le Luboboule dans son ensemble.

Ta plus belle victoire ? / Ta pire défaite ?

De façon assez logique finalement, ce sont les deux parties évoquées précédemment.

Ton déguisement aux derniers mondiaux a fait sensation. As-tu d’autres provocations vestimentaires en réserve ?

J’ai des trucs en réserve mais c’est difficilement mettable en public, faudra vraiment une grande occasion. Sinon j’ai des idées de renouvellement de garde-robe oui, je devrais pouvoir vendre du rêve cet été.

Lubôt de Satan est, selon tes dires, ton Némésis, ton Lex Luthor. Comment expliques-tu la violence de la rivalité qui vous oppose ?

Rosé parfumé forever.Tu sais, j’ai eu pas mal de temps pour réfléchir à ça. Effectivement la rencontre avec Lubôt a provoqué des étincelles, c’est comme si nous étions nés pour nous affronter dans un duel sans pitié tel le Mortal Kombat. Et puis, le fait d’être des coéquipiers de baseball d’une part, et le fait que je l’aie rapidement déposé au Lubordre au point de ne plus vraiment voir en lui une menace d’autre part, font que les choses se sont tassées. Je crois qu’en fait, Lubôt me ressemble bien plus que je ne voulais l’admettre au début. Technicien honnête, il parvient surtout à être craint grâce à des sarcasmes incessants et des punchlines horripilantes. Je l’ai vu comme l’homme à abattre, lui m’a vu comme le premier lubouliste capable de réellement lui tenir tête dans le trashtalk game. Aujourd’hui que je l’aie dépassé en tous points, plus qu’un Némésis je dirais qu’il est plutôt mon rival, la relation s’est apaisée.

Comptes-tu abandonner ton rosé parfumé pour enfin te mettre au Ricard-Mazout (Pastis-Coca), la boisson officielle du Luboboule ?

JAMAIS.

Que t’inspirent Oscar Phileas et son CALSON (Le Complot Anti-Luboulistes & Son Orchestre National) qui prônent la pétanque et l’anisette sans Coca dedans ?

Le CALSON (acronyme de SALCON, soit dit en passant) ne m’évoque que deux choses : du mépris, et une pizza. Enfin je dis surtout ça pour fayoter, je n’ai jamais rencontré Oscar Phileas en personne.

Quel est le meilleur spot de luboboule en Charente ?

Je t’aurais bien répondu, mais dans la mesure où tu as (sciemment ?) confondu la Charente-Maritime et sa sœur handicapée, tu n’auras droit qu’à un silence méprisant.

Le S.L.I.P. deviendra-t-il un jour plus célèbre que Zlatan ?

Oui, le jour où on aura réussi à ramener Javier à un tournoi. J’y travaille, ça prendra du temps.

Je passe pour un beauf mais j’assume.

Ton tiercé pour le prochain ChampionSlip : les 3 finalistes ? Dans l’ordre ou le désordre ?

Toi, Garfield, et moi. Il est temps que la ligue francilienne retrouve la place qui lui est dûe.

Baseball, tennis, catch ou luboboule ?

Elle est dure cette question. Mon temps de présence au baseball laisse penser qu’il arriverait assez bas dans la hiérarchie, ce qui est pourtant faux. Mais pour pas faire de jaloux je vais dire le catch, je passe pour un beauf mais j’assume, pas de problème.

T’as une lubodevise ?

Aimez-moi, haïssez-moi, peu importe. Ni ami ni ennemi, chaque adversaire n’est qu’un obstacle à abattre alors que je fais route vers le firmament.

Et sinon, tu fais quoi dans la vraie vie ?

Foulàlà, compliqué. En gros je suis statisticien en économie de la santé, et à l’heure où j’écris ces lignes je travaille à l’assurance maladie, je compte des boîtes de médicaments et des euros. Mais très bientôt, j’irai rejoindre les miens au ministère de la santé. C’est une sorte de terre sainte pour moi.

Sinon dans la vraie vie je suis carrément moins désagréable aussi, je préfère dire au cas où.

Si tu devenais président du S.L.I.P, quelle serait ta première mesure ?

Limiter le nombre de parties officielles hors tournoi. Non parce que ça va les bretons qui se font 50 matchs par mois pour monter au classement hein, si vous croyez qu’on vous a pas vus.

Une question que tu souhaiterais poser si tu étais Rédacteur-en-Chef à Lubaltringue Magazine ? Et à qui la poserais-tu ?

« On reste potes quand même ? ». Et je la poserais à tous mes adversaires.

Carte blanche : 2-3 choses que tu sais sur le Luboboule aujourd’hui…

1- Il y a trop peu de tournois en Ile-de-France.
2- Et quand il y en a ils sont complètement à l’opposé de chez moi, comme par hasard hein.
3- J’ai juste envie d’en profiter pour passer un message personnel : Pierre-Manuel, tu me tailles régulièrement sur le luboboule mais ta présence aux matchs est encore plus chimérique que la mienne aux matchs de baseball. Qu’attends-tu ? Est-ce la peur qui te freine ?

About the Author: Gwenny Powers

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